L’écoconception web : un outil au service d’un numérique plus responsable
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De plus en plus lourdes et complexes, les expériences digitales sont responsables d’importantes nuisances écologiques. Inscrite dans la loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, l’écoconception constitue pour les organisations une réponse efficace pour freiner le réchauffement climatique.
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Temps de lecture : 6 mn
Qu’est-ce que l’écoconception web ?
Le collectif Green IT qui fédère les experts à l’origine des actions orientées numérique responsable définit ainsi la démarche. “L’écoconception vise à réduire la quantité de ressources informatiques – serveurs, bande passante, puissance des terminaux utilisateurs, etc. – nécessaires pour une unité fonctionnelle donnée.” Ainsi “afficher un article”, “réserver un billet de train”, “consulter une fiche produit”, “rechercher un terme”, “trouver une adresse”, “contacter le support », « discuter » sont autant d’unités fonctionnelles dont l’impact environnemental peut être limité à condition d’optimiser les produits numériques.
Quel est l’effet des produits et services numériques sur l’environnement ?
Le digital est un sujet de responsabilité dans son usage comme dans sa conception. C’est pourquoi le collectif Green IT et Razorfish ont uni leurs forces pour analyser les sites les plus représentatifs de l’économie française. Leurs travaux ont donné lieu à la publication d’un baromètre de l’écoconception digitale qui permet de mesurer les conséquences environnementales de sites à fort trafic et de partager les bonnes pratiques.
L’édition 2022 montre que les 90 sites français les plus représentatifs de l’économie française et les plus consultés (sites corporate du CAC 40, grands sites marchands, médias et services publics) rejettent 8 millions de kilos d’équivalent CO2, soit l’équivalent de 1.139 tours du monde en voiture, et absorbent 119 millions de litres d’eau, soit la consommation moyenne d’un Français pendant 2.244 années.
L’édition 2023 a élargi son analyse aux sites web de 28 licornes françaises. Avec un score d’écoconception de 36/100 soit une note de E (sur une échelle de A, très bon à G, médiocre) contre une moyenne générale de 32/100, les start-up déçoivent. Bien que nées avec le digital et la prise de conscience des enjeux RSE, les licornes ne sont pas plus performantes que leurs aînés.
Comment évaluer l’empreinte environnementale d’un site ?
De nombreux outils gratuits permettent aux entreprises de mesurer l’empreinte écologique de leur site. Pionnier dans le domaine, EcoIndex a été créé en 2014 par le collectif Green IT. Il mesure la performance environnementale d’un service numérique connecté (site web, API, etc.) à travers la prise en compte de 3 indicateurs techniques objectifs :
- le nombre d’éléments de la page (DOM : Document Object Model)
- le nombre de requêtes HTTP
- le poids de la page (exprimé en Ko de données transférées)
L’activation de lecture automatique des fichiers audio et vidéos et le téléchargement de pages obsolètes participent à augmenter la puissance informatique nécessaire au fonctionnement d’un produit. Il en est de même de la présence des bloatware, ces logiciels préinstallés sur les ordinateurs et les mobiles ou involontairement téléchargés à partir de sites web. Les extensions non mises à jour, les erreurs 404, une vitesse de chargement trop lente : comme le montrent les tests d’écoconception, tout se traduit en octets.
Quelle est l’incidence de la phase de conception sur l’usage ?
Derrière chaque requête Google, chaque page Web chargée, il y a un serveur qui tourne, des données qui allument des LED sur des écrans. Concrètement, Internet est utilisé par plus de 4 milliards de personnes chaque jour. Chaque minute 500 heures de vidéo sont publiées sur YouTube, plus de 9 0000 tweets sont publiés chaque seconde et 125 millions de hashtags sont postés quotidiennement.
L’interdépendance entre toutes les composantes de l’écosystème invite l’ensemble des acteurs du numérique à œuvrer en faveur de la sobriété numérique. « Si l’on veut garder nos équipements plus longtemps, il faut que les sites Web soient plus légers. Ce qui déclenche l’obsolescence, c’est la gourmandise des pages Web. » explique Frédéric Bordage, fondateur de GreenIT. Or, une page Web pèse aujourd’hui 155 fois plus lourd qu’en 1995, révèle le baromètre de l’écoconception.
Quels sont les fondamentaux d’un site éco-friendly ?
Les leviers d’action pour rendre un site plus vertueux sur le plan écologique sont nombreux. L’écoconception concerne le code informatique mais porte principalement sur la conception fonctionnelle, graphique, ergonomique et technique d’un logiciel, d’un site web ou d’un service en ligne.
Dans son ouvrage Éco-conception web : 115 bonnes pratiques, Frédéric Bordage propose une approche qui vise à réduire au maximum le poids d’un site sans sacrifier à l’esthétique. Pour cela, il s’agit de :
Minimiser le nombre de polices de caractère
Les polices de caractères ont un impact qu’il est possible de limiter en adoptant certaines bonnes pratiques. Dès la conception visuelle du produit numérique il est par exemple recommandé de privilégier les polices standard, de limiter le nombre de variantes utilisées et d’utiliser un format de compression optimal.
Faciliter la navigation et l’accessibilité
Bien définir les besoins de l’entreprise et de l’utilisateur est primordial. Intégrer des fonctionnalités au cas où le visiteur en aurait besoin n’est pas créateur de valeur. Conserver seulement des fonctionnalités indispensables rend la navigation plus fluide et plus performante.
Des internautes qui trouvent rapidement les informations chargent et consultent moins de pages. Une des clés est donc de privilégier les parcours de navigation simples, minimalistes et efficaces.
Opter pour un design épuré
Les images influencent directement les performances d’un site web. Leur affichage exige de l’énergie et de la puissance en termes de machines mais aussi de connexion.
Aussi pour éviter l’utilisation inutile de ressources il convient de :
- Réduire la taille des images utilisées ;
- Limiter le nombre d’images à afficher ;
- Privilégier les illustrations vectorielles aux photos ;
- Réfléchir à la valeur ajoutée des effets d’animation (pop-ups, carrousels, GIF animés) ;
- Optimiser les vidéos et laisser l’utilisateur décider de leur lancement.
Optimiser le responsive
Les internautes naviguent désormais sur plusieurs outils et peuvent consulter les sites web à partir d’un smartphone, d’une tablette, d’une télévision ou d’un ordinateur. Créer un site web responsive présente de multiples avantages. Cette technique d’optimisation permet à un site d’adapter l’affichage de ses pages au format de l’écran. De plus, elle prévient le gaspillage d’énergie qui survient lorsqu’un smartphone charge une interface, non conçue pour les petits écrans.
Un site simple, stable et fiable est plus léger et plus rapide à charger que ses concurrents. Un critère que Google prend en compte pour le référencer en bonne place sur la page de résultats de recherches (SERP). Autres bénéfices pour l’entreprise : les ajustements s’opèrent plus facilement ; le livrable offre des performances pérennes et la maîtrise du poids des pages fait baisser la facture d’électricité.
Vuxe vous accompagne dans vos projets d’écoconception web
Chez Vuxe, nous nous engageons activement en faveur d’un numérique soutenable. Nous menons des actions de sensibilisation au sein de la commission numérique responsable de Numeum, le syndicat professionnel de l’écosystème numérique en France. De plus, les exigences suivantes sont en toile de fond de tous nos projets :
- Accessibilité
- Suivi des bonnes pratiques Opquast
- Chargement rapide des données,
- Conception et recommandation de produits et services numériques « non surdimensionnés »,
- Choix de serveurs et d’hébergeurs enclins à réduire leur impact environnemental :
Et lorsque l’écoconception d’un site Web vient renforcer la position de l’entreprise dans son secteur d’activité, nous poussons le curseur plus loin.
Pour Envie Strasbourg, expert de l’électroménager rénové, nous avons travaillé sur un design simplifié. Compte-tenu de la densité éditoriale du site visant à rassurer sur le savoir-faire d’Envie et convaincre de ses valeurs humaines, nous n’avons pas pu renoncer à utiliser des images. Mais Envie s’appliquant à défendre et développer un modèle économique et environnemental vertueux, il nous fallait trouver des solutions pour minimiser l’empreinte écologique de son site :
- Nous avons opté pour un nombre restreint de modules de blocs, de vignettes et de polices.
- Nous avons systématisé l’utilisation d’un aplat vert en arrière-plan pour la mise en valeur de certains éléments.
Notre site
Pour la refonte de notre propre site, nous avons combiné les principes de l’éco conception appliqués au design et un travail important sur l’UX. Mais notre note B attribuée par EcoIndex le dit plus simplement.
Pour réduire notre empreinte numérique et celle de nos clients, nous ne négligeons aucune action. Vous voulez vous engager dans une démarche numérique responsable ?
Sources ;
Les échos, 29 septembre 2022, Les sites Web génèrent autant de CO2 que plus de 1000 tours du monde